Il arrive régulièrement que des personnes viennent me voir avec la demande d’apprendre à gérer leurs émotions. Lorsque je les questionne sur ce qu’elles entendent par « gérer » leurs émotions, je me rends compte qu’il s’agit souvent d’un souhait de les contrôler ou en tout cas de les mettre en sourdine.
Or vouloir les tenir sous contrôle ou leur fermer la porte a un peu le même effet que de mettre un couvercle sur une casserole d’eau en ébullition, ou d’essayer d’enfermer un monstre dans une poubelle en appuyant sur sa tête avec le couvercle, comme je le disais un jour à mes enfants.
Sous la pression de la vapeur, l’eau de la casserole va déborder. Plus on va s’efforcer de maintenir la poubelle fermée, plus le monstre va essayer d’en sortir. En ce qui concerne les émotions, c’est un peu pareil : plus on essaie de les faire taire, plus elles vont devenir envahissantes !
Et pour cause, nos émotions sont des messagères de notre inconscient. À travers elles, notre inconscient tente de nous informer de choses importantes pour notre survie et notre équilibre physique et psychique.
Émotion (*) | Parle de | Rôle |
Perte | Attire notre attention sur ce qui compte pour nous | |
Limite franchie | Nous aide à placer nos limites | |
Risque ou danger | Nous permet d’être prudent ou de réagir face à un danger imminent | |
Besoin rencontré | Nous indique ce qui est bon pour nous |
Certaines personnes parlent d'émotions positives et d'émotions négatives. On entend parfois l'injonction de "positiver". Je préfère parler d'émotions agréables ou désagréables. Toutes sont aussi importantes les unes que les autres. Aucune émotion ne devrait être vue comme mauvaise, à repousser ou à bannir.
À travers ces émotions, l’inconscient nous parle en fait de nos besoins. Les émotions même les plus désagréables sont donc essentielles. Si nous n’écoutons pas le message, l’inconscient va utiliser des moyens de plus en plus fort pour se faire entendre.
On pourrait raconter l’histoire de ce personnage très très agaçant qui n’arrêterait pas de sonner à la porte, frapper à la fenêtre, appeler par téléphone et qu’on n’a pas du tout envie de voir ou d’entendre. Et quand finalement on accepte de l’écouter, on se rend compte qu’il voulait nous dire que le toit de la maison était en feu.
Voir aussi : Prévention et accompagnement du burnout
Mais comment écouter le message sans se laisser emporter et engluer dans un flux de pensées qui renforce les émotions pénibles ? Comment par exemple écouter sa peur sans s'enfermer dans des stratégies d’évitement qui réduisent toujours plus le champ d’action possible ? Voici quatre étapes qui peuvent y aider.
1. Observer les sensations
Où se situent-elles dans le corps ? Quelle place cela prend-il ? Est-ce que c’est figé ou mouvant ? Est-ce que cela fluctue ? À quoi cela ressemble-t-il ?
2. Reconnaître l’émotion et lui laisser sa place
De quelle émotion s’agit-il ? Y en a-t-il plusieurs ? Peut-on la ou les nommer ? Et pourquoi pas, s'adresser à elle, comme une vieille amie...
3. Écouter ses besoins
Il arrive souvent que l’événement déclencheur d’une émotion ne soit pas sa cause réelle, mais que cela vienne toucher quelque chose de plus profond. Au-delà de l’événement déclencheur, de quoi parle-t-elle cette émotion ? Derrière cette émotion et cette situation, quel est le besoin qui nécessite mon attention ?
4. Choisir comment on va y répondre
Une fois que le besoin est identifié, que puis-je faire pour y répondre ? L’émotion attire-t-elle mon attention sur quelque chose qui compte pour moi ? Est-ce que je dois lâcher cette chose ou changer mes choix, ou encore la faire vivre en moi différemment ?
Est-ce que l'émotion m’invite à placer des limites ? Est-ce qu’elle me signale un risque ? Ce risque est-il réel ou fictif ?
Il faut savoir que nous portons en nous des peurs ancestrales, comme celle d’être seul face à un groupe, ou celle d’être rejeté du groupe, qui auraient mis en péril notre survie dans d’autres temps ou d’autres circonstances. D’autres peurs peuvent être liées à notre histoire personnelle, à des événements passés.
On peut alors reconnaître sa peur, lui laisser sa place, tout en choisissant d’avancer avec elle. Cela permettra à l’inconscient de stocker de nouvelles expériences liées à ce type de situation et petit à petit intégrer le fait que c’est OK d’y aller.
Certaines émotions nous disent aussi que nous sommes sur le bon chemin, dans quelque chose qui nous convient, nous fait du bien : c’est le cas de la joie et de l’enthousiasme.
En bref, pour éviter tant d’entrer en lutte avec ses émotions que de se laisser prendre dans l’engrenage infernal des pensées qui les nourrissent, l’alternative est de revenir à ses sensations corporelles, d’oser y être présent, même si elles ne sont vraiment pas agréables, en se rappelant qu’on les connaît, en observant comment elles fluctuent et de s’interroger sur le besoin qui est touché plutôt que sur la situation qui renforce l’émotion. On peut alors choisir de quelle manière on va y répondre.
Alors faut-il vraiment gérer ses émotions ? Tout dépend de ce que l’on entend par « gérer ». Si gérer veut dire vouloir contrôler, le risque est d'entrer dans une lutte de plus en plus difficile. Si gérer veut dire pouvoir les accueillir et avancer avec elles, cela permettra d'en faire des alliées précieuses !
Myriam Borbé - accompagnement du stress, de la confiance en soi et du changement
(*) Il existe évidemment beaucoup de variantes aux quatre émotions reprises ici. Pour simplifier les choses, et parce qu’il serait difficile de les citer toutes, on peut voir celles-ci comme quatre grandes catégories dont les autres seraient des nuances.
Sujet similaire: Apprivoiser le stress pour ne plus le subir
0478 50 41 99
myriam.borbe@gmail.com
Pour en savoir plus sur
mon parcours
Durée des consultations : 1h
Tarif : 60€
Possibilité de paiement par application bancaire mobile (QR code) ou par virement.
Notez que tout rendez-vous n’ayant pas été annulé ou reporté anticipativement sera dû.
Woluwé-Saint-Lambert, à proximité de Tomberg